samedi 5 mai 2012


Mais où es-tu Marianne ?

Marilza de Melo Foucher
Ecrit après les résultats du premier tour des élections en France.
22 avril 2012


Marianne marche en titubant, un peu perdue dans les rues de Paris. Elle ne reconnait plus la place de la Bastille, ni même celle de la République. Elle marche en zigzagant fuyant tout ce qui lui parait étranger. Fatiguée de déambuler dans les rues de Paris, elle décide alors de faire une pause au Jardin du Luxembourg, elle s’assied sur un banc en face du Sénat… Son regard est vide, incapable de percevoir la beauté des fleurs du printemps. Elle est désemparée, les larmes coulent sur son beau visage. Un jeune de 18 ans  s’approche d’elle et lui demande :

-Comment t’appelles-tu ?

Elle répond :

-Marianne

-Mais pourquoi pleures-tu ?

Elle confesse :

-J’ai perdu la Fraternité.

-Comment ça ? Je ne comprends pas.

-Je vais t’expliquer... Je suis Marianne, l’effigie de la République française, le symbole de la patrie, j’incarne les valeurs de la République française que l’on retrouve dans sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Il y a des centaines d’années, Marianne était un prénom péjoratif, j’étais la servante des nobles. Je suis une fille du peuple, je suis une femme combative, révolutionnaire, qui donne un foyer, alimente et protège ceux qui m’entourent. Depuis quelques années je fais face à certaines menaces, mais jusqu’à présent j’ai su résister. Hier encore j’ai été menacée par un homme appelé Nicolas Sarkozy et une femme appelée Marine Le Pen. Ils disent que je risque de perdre ma liberté si je continue à me battre pour plus d’égalité. Ils disent que si je continue à défendre les droits humains en accueillant les étrangers, je risque de mettre en danger les enfants de la patrie.

-S’il te plait, maintenant que je sais qui tu es, je ne laisserai personne t’intimider. Dimanche prochain j’irai voter pour la première fois de ma vie. Je le ferai pour toi. Pour toi, symbole de notre République. Nous réanimerons ensemble la Fraternité. Toute la France métisse va se mobiliser, tous ses enfants des quartiers populaires, des zones industrielles et rurales abandonnées dessineront un arc-en-ciel, coloré comme symbole de tolérance. Ton drapeau bleu, blanc, rouge se retrouvera à chaque coin de rue. Sur les murs sombres du désespoir, les enfants écriront de toutes les couleurs le  mot « Espérance ». Dimanche 6 mai, nous crierons tous ensemble : Liberté, Egalité, Fraternité ! Nos cris seront si forts qu’ils feront tomber toutes les frontières, tous les murs. Juifs, Musulmans, Chrétiens, Bouddhistes, Hindous, Athées, main dans la main nous affronterons Sarkozy et Marine. Ils seront obligés de confronter leurs regards et de cracher la haine qui les poussait à alimenter des fantasmes sur le danger des différences. Marianne ton nom sera acclamé et tes droits sauvés !