Mais où es-tu Marianne ?
Marilza de Melo Foucher
Ecrit après les résultats du premier tour des
élections en France.
22 avril 2012
Marianne
marche en titubant, un peu perdue dans les rues de Paris. Elle ne reconnait
plus la place de la Bastille ,
ni même celle de la
République. Elle marche en zigzagant fuyant tout ce qui lui
parait étranger. Fatiguée de déambuler dans les rues de Paris, elle décide
alors de faire une pause au Jardin du Luxembourg, elle s’assied sur un banc en
face du Sénat… Son regard est vide, incapable de percevoir la beauté des fleurs
du printemps. Elle est désemparée, les larmes coulent sur son beau visage. Un jeune
de 18 ans s’approche d’elle et lui
demande :
-Comment
t’appelles-tu ?
Elle
répond :
-Marianne
-Mais
pourquoi pleures-tu ?
Elle
confesse :
-J’ai perdu la Fraternité.
-Comment
ça ? Je ne comprends pas.
-Je vais
t’expliquer... Je suis Marianne, l’effigie de la République française,
le symbole de la patrie, j’incarne les valeurs de la République française
que l’on retrouve dans sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Il y a
des centaines d’années, Marianne était un prénom péjoratif, j’étais la servante
des nobles. Je suis une fille du peuple, je suis une femme combative,
révolutionnaire, qui donne un foyer, alimente et protège ceux qui m’entourent.
Depuis quelques années je fais face à certaines menaces, mais jusqu’à présent
j’ai su résister. Hier encore j’ai été menacée par un homme appelé Nicolas
Sarkozy et une femme appelée Marine Le Pen. Ils disent que je risque de perdre
ma liberté si je continue à me battre pour plus d’égalité. Ils disent que si je
continue à défendre les droits humains en accueillant les étrangers, je risque
de mettre en danger les enfants de la patrie.
-S’il te
plait, maintenant que je sais qui tu es, je ne laisserai personne t’intimider.
Dimanche prochain j’irai voter pour la première fois de ma vie. Je le ferai
pour toi. Pour toi, symbole de notre République. Nous réanimerons ensemble la Fraternité. Toute
la France métisse va se mobiliser, tous ses enfants des quartiers populaires,
des zones industrielles et rurales abandonnées dessineront un arc-en-ciel,
coloré comme symbole de tolérance. Ton drapeau bleu, blanc, rouge se retrouvera
à chaque coin de rue. Sur les murs sombres du désespoir, les enfants écriront
de toutes les couleurs le mot
« Espérance ». Dimanche 6 mai, nous crierons tous ensemble :
Liberté, Egalité, Fraternité ! Nos cris seront si forts qu’ils feront
tomber toutes les frontières, tous les murs. Juifs, Musulmans, Chrétiens,
Bouddhistes, Hindous, Athées, main dans la main nous affronterons Sarkozy et
Marine. Ils seront obligés de confronter leurs regards et de cracher la haine
qui les poussait à alimenter des fantasmes sur le danger des différences.
Marianne ton nom sera acclamé et tes droits sauvés !