vendredi 11 décembre 2009

Les néo-écolos de droite face à leurs contradictions





Du 7 au 18 décembre 2009, l'attention mondiale sera concentrée sur le Sommet de Copenhague, un événement organisé par l'ONU portant sur les changements climatiques, la COP15. A l’occasion de ce sommet se décidera dans quelle mesure les membres de l'Organisation des Nations Unies vont agir, après le Protocole de Kyoto qui expire en 2012. Tous les dirigeants et experts du monde entier seront présents afin d'identifier, de discuter, ratifier et appliquer des mesures concrètes concernant le changement climatique actuel à l'horizon 2050.



Les résultats des négociations de Copenhague ne doivent pas se limiter à une conjugaison de la réduction des gaz à effet de serre et des mesures de protection de l’environnement. Il est aussi urgent d’y ajouter d’autres mesures concrètes sur le traitement social. La préservation des écosystèmes sur lesquels reposent la vie humaine, animale et végétale est tout aussi fondamentale que la lutte contre les inégalités sociales et la redistribution des richesses. Les pays riches peuvent changer les infrastructures pour résister aux changements climatiques, peuvent inventer de nouvelles technologies vertes, mais les pays les plus pauvres ne peuvent pas produire ou acheter des solutions. Il faut donc leur donner les moyens de garantir leurs programmes d’éducation et de formation pour que les acteurs locaux puissent mettre en place des politiques publiques de développement durable et investir dans des écotechnologies. Pour cela, l’OMC doit changer son fonctionnement en créant de nouvelles règles de marché basées sur des échanges technologiques commerciaux équitables.



Les échanges avec les pays du sud, pauvres ou pays émergents sont toujours marchands. Malheureusement la coopération pour un développement équitable et soutenable entre les pays est encore loin de passer du discours à l’acte. Malgré les sommets de l’ONU, les politiques de coopération conduite par les gouvernements du Nord, n’ont jamais été basées sur la réciprocité dans les relations Nord/Sud. Ces dernières années la lutte contre la pauvreté et contre toutes autres formes d’exclusion n’est plus une priorité.

Pour les néolibéraux convertis en néo-écolos de droite, l’impératif économique prédomine face à la bonne volonté politique de changer les modes de production et de diminuer la consommation. Nous savons que la consommation toujours croissante produit de fortes tensions sur l’environnement, avec des émissions et des déchets qui contaminent le sol et détruisent les écosystèmes. Ce mode de vie entraîne des dépenses en ressources naturelles et énergétiques croissantes et de plus en plus insoutenables.
Rien d’étonnants qu’à quelques jours du sommet de Copenhague N. Sarkozy et ses amis conservateurs européens n’aient pas que des préoccupations climatiques ; ils ont eu du mal à chiffrer leurs engagements pour diminuer le réchauffement global. Ces mesures à adopter sont un peu trop espacées dans le temps… Toutefois ils s’organisent rapidement pour s’approprier d’un marché juteux en ce qui concerne le commerce avec les services environnementaux. Le marketing écologique est en marche avec les grandes entreprises transnationales prêtes à contrôler le marché des énergies renouvelables et d’autres technologies dites vertes.



Les différences d’approche politiques, entre les 190 pays présents à Copenhague sont notoires: entre protection environnementale, protection sociale et développement économique. Les contradictions en matière de développement durable sont aussi nombreuses, elles se traduisent aussi dans les réponses politiques et économiques données, par exemple, dans le domaine des innovations scientifiques, tels que les OGM, le nucléaire, les énergies renouvelables, le biocarburant, pour ne citer que les plus emblématiques. Sans compter la résistance des pays du nord à un changement du fonctionnement des institutions de l’ONU qui les rendraient plus démocratiques.



Comment les pays qui sont à la tête de la gouvernance mondiale peuvent-ils prendre en compte à la fois la dette financière et la dette écologique qu’ils ont laissées aux pays du Sud ? Les inégalités sociales, l’augmentation de la misère, la dégradation des écosystèmes ruraux et urbains sont les indicateurs de l’échec du modèle occidental de développement.

Devant ce constat nous ne pouvons pas nous empêcher de dénoncer l’hypocrisie de la conversion tardive des écolos de droite, principalement en France. Cette conversion de façade, cache derrière l’effort planétaire pour stopper les effets du changement climatique, d’autres enjeux qui sont plutôt d’ordre économique. Si les gouvernements européens sont si préoccupés par le réchauffement climatique qui représente une vraie menace pour l'humanité, pourquoi laissent-ils toujours pour demain ce qu’ils pourraient faire aujourd’hui ? « El futuro se cambia en el presente » comme disent nos amis d’Amérique latine.



Pour quoi dans les discours et les actes du gouvernement, N.Sarkozy qui prône aujourd’hui une écologie « populiste », ne parle jamais de changer le mode de production pour mettre en place un autre développement conçu de mode plus intégré ? Ils font du bla, bla, bla sur le développement durable mais ne l’appliquent pas à leur programme de gouvernabilité.
Un vrai développement durable est un processus qui concilie l'écologique, l'économique et le social et établit un cercle vertueux entre ces trois pôles.
C'est un développement, économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Cela signifie que le développement durable repose en réalité sur une nouvelle forme de gouvernance, où la mobilisation et la participation de tous les acteurs de la société civile aux processus de décision doivent prendre le pas sur le simple échange d’informations. Le développement durable entend promouvoir la démocratie participative et rénover l'approche citoyenne. L'accès à l'information, et la transparence en sont des pré-requis.



C’est cette interaction qui donne une viabilité à la conception systémique du développement. Lorsque l’on pense de façon systémique, on ne sépare pas l’écologique du politique, du culturel, du social ou de l’économique.
L’économie est au service du genre humain, lequel doit protéger la biodiversité et la socio-diversité. Chacun de nous est responsable de l’environnement où il vit. Même si nous ne pouvons pas agir directement sur le climat, nous pouvons rendre notre mode de vie plus adapté à la préservation de notre environnement.



M de M F
Consultante Internationale dans le domaine du développement intégré et solidaire
Decembre 2009